
De la DPEF à la CSRD : comment mettre en place une stratégie d’achats responsables ?
Qu’est-ce qu’un achat responsable ?
La notion d’achat responsable illustre l’évolution du rôle de l’entreprise dans la société. Si le dessein ultime de la maximisation des profits est indiscutable, il ne peut être poursuivi au détriment des intérêts de la collectivité.
Concrètement, l'achat responsable désigne l'intégration de critères environnementaux, sociaux et éthiques à toutes les étapes du processus d'achat, notamment au niveau du choix des fournisseurs. Cette approche implique donc une préférence systématique pour les fournisseurs qui prennent en compte :
- La dimension environnementale dans la conception de leurs produits ou services tout au long de leur cycle de vie : efficacité énergétique, matériaux recyclables ou renouvelables, production locale, minimisation des déchets, réparabilité, etc. ;
- La dimension sociale de leur activité, notamment en matière de respect des droits des travailleurs et de promotion de conditions de travail équitables sur toute la longueur de la chaîne d’approvisionnement ;
- La dimension éthique dans la conduite des affaires, notamment en matière de gouvernance et de lutte anti-corruption.
Ces bonnes pratiques sont détaillées dans le référentiel international ISO 20400:2017 « Achats responsables – Lignes directrices ». Ce référentiel a été révisé en 2023 et reste donc d’actualité.
💡 L’achat responsable n’est pas un achat « naïf »
L’achat responsable ne s’appuie pas exclusivement sur les critères sociaux et environnementaux. La rationalité économique reste décisive à travers des critères comme le prix, la qualité, les facilités de paiement, les délais, les garanties, etc. La responsabilité de l’achat ne se fait donc pas au détriment de l’efficacité économique. Elle vient la compléter pour enrichir et rationaliser le processus de sélection.
Pourquoi faire des achats responsables ?
1. L’achat responsable, vecteur d’optimisation des coûts
Au-delà du prisme de la RSE, l’achat responsable est un puissant levier d’optimisation des coûts et, par construction, de rentabilité.
En intégrant des critères comme le label énergétique, [l’indice de réparabilité](https://www.economie.gouv.fr/particuliers/tout-savoir-indice-reparabilite#:~:text=L'indice de réparabilité de,pour les produits réparables aisément.) ou encore les certifications environnementales (Ecolabel), l’entreprise peut limiter la consommation énergétique, prolonger la durée de vie des produits et réduire les déchets.
Par exemple, un appareil électroménager de classe énergétique « A+++ » consommera jusqu’à 60 % d’énergie en moins par rapport à un modèle de classe « A ». On parle ici par exemple des équipements d’entretien, des réfrigérateurs et congélateurs pour l’espace restauration, etc. L’achat d’un ordinateur avec un indice de réparabilité supérieur à 8 permettra de prolonger sa durée de vie de quelques années.
Acheter responsable, c’est également se doter d’équipements susceptibles de réduire la consommation énergétique au quotidien pour optimiser le bilan carbone et les coûts opérationnels (thermostats intelligents, éclairage LED automatisé, ventilation à débit variable, etc.).
2. L’achat responsable réduit le risque de litige
Les entreprises qui choisissent de travailler avec des fournisseurs alignés sur leurs valeurs et leurs convictions minimisent le risque de désaccord éthique ou de non-conformité avec les réglementations actuelles ou futures.
En effet, un fournisseur peu attentif au respect des bonnes pratiques environnementales, sociales ou éthiques peut être source de problèmes juridiques. Il peut également nuire à l’image de l’entreprise ou perturber la continuité de la chaîne d’approvisionnement.
Par essence, la démarche d’achat responsable favorise une logique de partenariat plutôt qu’une relation purement transactionnelle avec les fournisseurs.
3. L’achat responsable et l’image de marque
En s'engageant activement à intégrer les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans ses achats, l’entreprise communique à ses clients, prospects et partenaires sa contribution à l’intérêt général.
Lorsqu’il est couplé à une communication pertinente, l’achat responsable devient un véritable argument commercial susceptible de faire la différence. Selon une étude LSA, 78 % des acheteurs B2B se disent influencés par le caractère responsable d’une marque lors de l’achat.
4. L’achat responsable au service de la performance commerciale
Les entreprises qui intègrent des critères ESG dans la fonction Achats et, plus largement, qui mettent en œuvre une politique RSE forte, disposent d’un véritable avantage compétitif sur leur marché.
Elles peuvent faire valoir cet aspect dans leurs efforts de prospection mais aussi se positionner sur les appels d’offres qui valorisent l’engagement RSE des candidats.
Selon un sondage IACCM, 73 % des entreprises incluent une clause RSE dans leurs contrats. Et selon une étude Bpifrance, 78 % des fournisseurs sont challengés par leurs clients sur des questions RSE.
5. L’achat responsable et la marque employeur
La pénurie des talents est un sujet d’actualité dans de nombreux secteurs d’activité. Selon le cabinet Michael Page, il manquerait par exemple plus de 200 000 profils commerciaux en France.
Pour attirer et fidéliser les meilleurs talents, les entreprises doivent proposer des avantages quantitatifs (salaires, primes, congés…) mais aussi qualitatifs (conditions de travail, télétravail, engagement RSE, etc.).
À conditions égales, un candidat optera forcément pour l’entreprise la plus alignée avec ses valeurs et ses convictions. [Selon cette étude](https://youmatter.world/fr/jeunes-diplomes-attentes-engagement-rse/#:~:text=Près des 3%2F4 des,enjeux RSE de leur entreprise.), près de 75 % des jeunes talents en France estiment que la RSE est « un critère important dans le choix de leur poste ».
6. L’achat responsable et la loi
« L’entreprise doit fournir des informations sur la gestion de ses relations avec ses fournisseurs et ses incidences sur la chaîne d’approvisionnement ». Cette phrase provient du texte de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD).
Entrée en vigueur le 1er janvier 2024. cette directive européenne élargit le champ d’application du reporting extra-financier des grandes entreprises. La Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF), qui est la matérialisation du reporting extra-financière en France, a été enrichie par de nouvelles thématiques comme le réchauffement climatique, les ressources hydriques, la pollution atmosphérique, etc.
Les directions Achats des grandes entreprises sont donc attendues sur la mise à niveau de leurs pratiques, qui seront désormais dûment documentées en vertu de la CSRD et des normes ESRS.
Comment mettre en place une stratégie d’achats responsables ?
1. Évaluer la situation actuelle des achats dans l’entreprise
À ce stade, il s’agira d’apporter des réponses aux questions suivantes :
- La fonction Achats de l’entreprise intègre-t-elle des critères ESG dans le choix des produits et fournisseurs, même partiellement ?
- Quels sont les produits fréquemment achetés par l’entreprise ? Quels sont les critères ESG que nous pouvons leur appliquer?
- Quelle est la performance ESG de nos fournisseurs actuels ?
Dans la majorité des cas, ce sont les équipements informatiques et les logiciels SaaS qui pèsent le plus dans les Achats. Il peut être intéressant de commencer par ces deux postes pour entamer la transition vers une politique d’achats responsables.
En résumé :
- Dressez la liste de tous les achats effectués sur une période donnée en les classant par catégorie de produits, volume et coût ;
- Listez l’ensemble de vos fournisseurs actuels en notant les montants dépensés et la nature des produits ou services fournis ;
- Listez les critères habituellement utilisés pour choisir vos fournisseurs (prix, qualité, délai de livraison, etc.) ;
- Pour chaque catégorie d'achat, évaluez l'impact environnemental et social en utilisant des KPIs clairs (par exemple, émissions de CO, certifications, indice de réparabilité, label énergétique, etc.) ;
- Identifiez les écarts entre vos pratiques actuelles et vos ambitions en matière de durabilité et/ou les meilleures pratiques en matière d'achats responsables dans votre secteur si cette donnée est accessible ;
- Sur la base de cette analyse, repérez les domaines où des progrès peuvent être réalisés pour rendre vos achats plus responsables.
2. Définir des objectifs SMART de la stratégie d’achats responsables
Définissez des objectifs qui vous permettront de mesurer le succès de la politique d’achats responsables sur la durée. Basez-vous sur les valeurs de l’entreprise, les attentes des parties prenantes, les spécificités de votre activité et les impératifs réglementaires.
Les objectifs doivent être réalistes, en tenant compte des ressources disponibles, tout en étant ambitieux pour stimuler le progrès et l'innovation. Voici quelques exemples :
- Réduire de 20 % l'empreinte carbone des achats de l'entreprise d'ici trois ans en privilégiant des fournisseurs locaux et des produits à faible impact environnemental ;
- Faire en sorte que 100 % des « gros » fournisseurs soient audités et conformes aux normes internationales en matière de droits de l'Homme et de conditions de travail d'ici deux ans ;
- Augmenter la part des produits recyclés ou certifiés durables dans les achats de l'entreprise à 50 % d'ici cinq ans ;
- Limiter le renouvellement du parc informatique aux équipements reconditionnés ;
- Intégrer des critères de durabilité et d'équité sociale dans 100 % des appels d'offres et des contrats de l'entreprise d'ici un an.
3. Identifier les critères de responsabilité des fournisseurs
Cette étape consiste à définir les critères précis que les produits, les services et les fournisseurs doivent respecter pour être intégrés à la shortlist. Ces critères doivent découler des objectifs définis précédemment. Voici quelques exemples :
- Les produits doivent être certifiés par des labels écologiques reconnus, comme l’Ecolabel Européen pour les produits et services, ou Energy Star pour les appareils électroniques et électroménagers ;
- Les fournisseurs doivent démontrer leur conformité aux normes de travail définies par l'OIT (validée par des audits externes réguliers) ;
- Tous les matériaux utilisés doivent être certifiés (FSC pour le bois, GOTS pour les textiles, etc.) ;
- Exiger des fournisseurs qu’ils possèdent une certification ISO 14001 ;
- Les fournisseurs doivent fournir une politique claire contre la corruption et être évalués sur leur gouvernance éthique, par exemple via leur score sur des plateformes d’évaluation de la transparence ;
- Choisir des produits avec un indice de réparabilité supérieur à 6/10.
4. Former les équipes Achats
Les équipes Achats doivent à présent se familiariser avec les nouveaux critères d’achats pour les appliquer dans les appels d’offres et la sélection des fournisseurs.
Organisez une session de formation pour présenter les nouveaux critères de choix en intégrant des exemples concrets, des études de cas et des scénarios possibles que l'équipe pourrait rencontrer. Basez-vous sur les fournisseurs actuels pour simuler des situations réelles et permettre à l’équipe de s’exercer.
Mettez à disposition de l'équipe Achats une documentation claire et détaillée sur les nouveaux critères et procédures. Misez sur des formats pratiques comme des checklists et des infographies.
Après la formation initiale, organisez régulièrement des sessions de questions-réponses pour permettre à l'équipe d'exprimer des doutes ou des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des nouveaux critères.
Il peut également être intéressant de prévoir des formations certifiantes ou diplômantes dans le développement durable, la gouvernance, les certifications d’écoresponsabilité, etc.
Provigis, le partenaire de votre conformité
Aujourd’hui, plus de 9 grandes entreprises françaises sur 10 sont engagées, ou sont sur le point de l’être, dans une démarche d’achats responsables, selon le 14e baromètre de l’ObsAR.
La prise de conscience est là, mais la mise en œuvre peut être complexe et chronophage. Pour vous accompagner dans cette transition, Provigis, Tiers de Collecte Probatoire (TCP), vous outille dans toutes les étapes de préqualification, d’audit et de suivi de vos fournisseurs.
Nous avons développé une plateforme digitale intuitive et innovante qui centralise toute la documentation nécessaire pour évaluer la conformité et l’engagement RSE de vos fournisseurs (actuels comme éventuels). Demandez votre démo.